14:21 – 9th April 23
Ici, nous sommes 14. Je suis la seule française, entre : taïwanaise, thaïlandaise, allemands, australiens, américaines, indiens, colombiens, … de 30 à 60 ans. Je suis la plus jeune.
Nous sommes tous différents, et pourtant tellement tous bienveillants. Personne ne ressent de jugements.
Depuis toute petite, j’ai toujours eu la sensation d’être « out of the box », de chercher ma « box ». J’ai essayé d’entrer dans certaines, ou au moins de coller à quelques groupes, quelques critères, quelques normes, en vain. Ici, j’apprends que chacun à sa propre « box ». Appartenir à un groupe n’est pas nécessaire. Chacun peut construire ses propres règles, son propre monde, ses propres interdits et volontés. Que la vie est plus simple et douce quand on ne perd pas d’énergies à empiéter d’autres « box », afin d’avoir enfin l’énergie de construire la sienne.
J’ai pleuré tous les jours depuis mon arrivée. Des larmes qui vident. En yoga, on dit qu’elles purifient l’âme.
Je ne connaissais pas le Kundalini, depuis une semaine : je le vis. La première séance, je n’ai pas compris de qui m’est arrivé.
Le prof nous propose de danser. Aïe, je n’ai pas envie. Ça ne m’arrive pas tant de danser dans une salle avec des gens que je connais à peine, sobre, et en pleine matinée. Je suis plutôt de la team à danser en soirée après plusieurs verres (qu’on ne comptera pas). La musique se lance. Au début de la séance je suis à la recherche du regard, de l’avis, de l’approbation de l’autre. Certaines personnes se lâchent complétement, ça m’impressionne. Cela fait miroir sur moi-même : je ne sais pas lâcher prise, je ne sais pas me lâcher, je ne sais pas me détacher du jugement de l’autre et de moi-même. J’ai tellement de barrières, j’ai tellement de gênes, de hontes, de jugements, de conditionnements. Pourquoi ?
Au fur et à mesure de la séance, j’arrive à me lâcher. Mon esprit se déconnecte pour laisser le corps s’exprimer.
Ensuite, le prof nous propose de se balader, les yeux fermés et d’enlacer la première personne qu’on trouve devant nous. Quelle idée étrange, de faire un câlin sincère à des gens qu’on ne connait que depuis quelques jours. Tout le monde joue le jeu, certains pleurent. Quelle expérience émouvante de donner de l’amour à des inconnus.
A la fin de la séance, enchainement d’une sorte de séance d’abdos, j’entends des paroles, de la musique, mon corps se relaxe et là : l’explosion. J’éclate en sanglots, gorge et ventre se dénouent. Je me sens légère et lourde en même temps. Le corps ancré dans le sol, l’esprit volant.
Ce premier cours m’a montré à quel point j’avais des blocages. Ça a raisonné en moi comme un gong.
16 :21 – 11th April 23
Notre cours de philo est particulier aujourd’hui. Le prof nous propose un cours en pleine conscience.
Je ne m’attendais pas à ce type d’exercices dans un cours de philosophie un jour dans ma vie. Après des dizaines de minutes à danser sur de la psy trance ; nous voilà en train d’imiter chien et chat en classe ?! Et pourquoi pas finalement ? Qui a décidé un jour de dire que ceci ou cela était « gênant » ? Qui a fixé le curseur du malaise social ? Pourquoi on ressent ça ? Finalement, enfant, nous n’avions pas cette sensation ? Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi s’infliger ce jugement de soi-même et des autres, en plus de toutes les règles et lois qui existent déjà ?
Alors je me lâche, j’y arrive, réellement. Quelle libération. En fait, je m’en tape. Je suis bien. Je danse comme une folle, si j’ai envie de le faire. Je me balade à 4 pattes, si j’ai envie de le faire. Je ne réfléchis même plus à si je danse « bien », si mon imitation animale est correcte ou pas. Mais surtout : je ne me compare plus aux autres. Ma différence est ma force. Qui a décidé là aussi de dire si on danse « bien » ou non ? Sur quoi on se base ? La danse existe dans toutes les cultures pour une raison : la déconnexion et la libération du corps et de l’esprit. Chaque corps et chaque esprit étant différent, chaque danse est différente.
Le malaise est un concept inutile, basé sur nos propres convictions sociales que nous nous imposons, que nous avons inventé.
Accepter nos différences et les célébrer est le premier frein au jugement.
La différence réside en chacun d’entre nous. Notre force est dans la différence, cultivons là.
LOVE & bye.
élo.
Essayons de ne pas nous juger, de ne pas juger les autres. Mais, puisque nous ne nous pouvons pas contrôler ce qui est extérieur à nous, comment être imperméable aux jugements de l’autre ?
Écris-moi ! Sinon : à mercredi ;).