Février 2020, mes amis m’offrent, pour mon anniversaire, une cagnotte afin de faire une formation ou une retraite de yoga à Bali. L’univers en décide autrement. Covid et confinements se succèdent, la vie reprend un rythme effréné, l’idée, le temps et l’argent pour le faire s’efface. 

Février 2023, j’ai l’argent et le temps. Je décide de me lancer. En Avril, je pars à Rishikesh, capitale et berceau du Yoga, faire 200h de Yoga Teacher Training. 

11:43AM – 4th April 23 

Arrivée à Delhi. J’entends enfin les klaxons à répétition, dans tous les sens, certains jouent même de petites musiques. Bienvenu dans le célèbre brouhaha de Delhi. 

Finalement, est ce que chaque ville n’a pas sa propre musique ? Une superposition de sons qui font un tout, une unité. 

Depuis petite, mon père me parle d’une ligne de vie, d’un chemin. Celle-ci peut vite ressembler à un encéphalogramme, qui devrait être le plus stable possible pour toucher le bonheur. Ces dix dernières années, j’ai dû oublier ce concept, car ma ligne de vie ressemblait clairement à une chaine d’icebergs, toujours plus hauts, puis toujours plus bas. 

Le yoga, c'est l’union de la dualité en nous, l’énergie féminine et masculine, le soleil et la lune, la force et la faiblesse. Le yoga, c'est la stabilité, l’équilibre. 

Les tuktuks jaunes et verts déboulent de partout. Des enfants y trônent debouts, non attachés. Des familles entières se déplacent ensemble sur une même moto, le bébé de 6 mois tenu par le conducteur. Quand tu penses qu’en France on a 3600 normes de sièges autos pour les enfants, jusque 10 ans. Peut-être qu’ici ils font juste confiance en la vie, ce que nous, occidentaux, avons certainement oublié de faire.

C’est entre autres la pratique du « non-attachement », que j’apprivoiserai plus tard : « Avant on n’est rien, après on ne sera rien. Tout arrive, car ça doit arriver. Fais confiance en l’univers. Occidentaux, on a l’habitude d’imaginer le pire « fais attention, n’aies pas d’accidents ! Tu vas te faire mal ! … ». Là-bas, on ne pense pas à ça ; on essaie simplement de ne pas imaginer : ni le pire, ni le meilleur. Aie confiance en l’univers, les choses arrivent pour une raison. Dans notre habitude et notre éducation occidentale, ça semble au départ impensable, complétement déconnecté et parfois : injuste !  

Le yoga, c'est l’acceptation. Le yoga, c’est le détachement. 

Il fait chaud. J’arrive dans ce pays, habillée en noir, comme à mon habitude. Ici, les gens, l’architecture, les transports, la lumière, la vie : tout est coloré ! Les Indiens des bidonvilles étendent leurs linges couleurs épices sur des abris de bus flamboyants. 

Les inégalités, sans surprises, sont flagrantes : grosse Mercedes et Rolex côtoient famine sur trottoir ; villa cubique à étages côtoient habitations en débris. Malgré tout, les gens sourient à la vie. Ils sourient à l’univers. 

6h de route jusque Rishikesh. J’ai toujours adoré les routes en voiture. C’est une bonne manière de visiter, d’observer. D’ailleurs, devant moi, en pleine circulation, plantée là : une vache. La première d’une longue série. Mon driver vient me chercher. Au départ, je pense qu’il n’est pas très sympa. Finalement, je pense qu’on ne parle juste : pas la même langue.

J’apprendrai plus tard que tout est reflet de nous-même. C’est dingue comme on interprète tout, tout le temps. J’imagine que ce chauffeur ne m’apprécie pas ou qu’il n’est pas sympathique, avec ma propre vision et mes propres concepts sociaux. 

On ne sait jamais ce que les autres ont vécu, ce qu’ils vivent, comment ils sont. Notre interprétation est le simple reflet de nous-même, de ce que nous avons vécu et de comment nous sommes. 

C’est un travail de tous les jours de ne pas s’agacer quand on ne nous dit pas bonjour, quand on nous fait une remarque. Tout est miroir. Notre interprétation dépend de nos propres convictions. C’est nous qui choisissons de mettre de l’importance, ou pas, dans ce qu’on ne peut pas contrôler. Nous prenons les choses pour nous, nous nous rendons responsables d’un prétendu mal-être de l’autre. 

Or, on peut tout à fait garder le sourire, notre barrière à notre bien-être intérieur, devant un serveur qu’on considère « désagréable ». Je ne pense pas que l’objectif de mon beau père en ce dimanche matin soit de m’énerver en me disant que j’ai mal fermé la porte en guise de « bonjour ». Et finalement, pourquoi cela m’atteindrait ? L’humeur et le jugement de l’autre ne concerne que l’autre et mon humeur, mon jugement ne concerne que moi-même. 

Le yoga, c'est prendre du recul, déconstruire.

5 :52 PM – 4th April 23 

Arrivée à l’école. Le directeur m’accueille. Je suis épuisée du voyage (et des 4 jours de teufs parisiennes qui le précède). Les autres sont déjà tous arrivés. Je ne suis pas sûre de comprendre tout ce que me dit le directeur avec son accent indien … mais ? Pardon ?! Comment ça je partage ma chambre cette nuit avec une espagnol nommée Sandra ? J’avais booké une chambre individuelle ! Allez, pas grave, c’est qu’une nuit. Je suis épuisée … et sale. J’ai besoin d’une douche … Mais, dans la salle de bain, je me retrouve devant de l’eau froide, un grand seau et un petit seau. 

Le yoga c’est se contenter de ce qu’on a et en être reconnaissant. 

Le yoga, c’est la simplicité. 

Je reçois également mon planning, le même du lundi au dimanche, pendant les 26 jours à venir :

5h30 : réveil 

6h : échauffement 

6h30 – 8h30: yoga hatha 

8h30 : petit dej 

10h- 11h : kundalini

11h30 -13h : méditation et pranayama

13h- 14h30: lunch 

14h30-15h30 : philosophie du yoga 

16h-17h : anatomie 

17h30-19h : yoga ashtanga & vinyasa 

Le yoga, c’est de la détermination, de la persévérance, de l’auto-discipline quotidienne. 

Alors non, le yoga ce n’est pas que du fitness ou on se strech et où on fait des positions sur la tête. Ce n’est pas non plus qu’une pratique où on dit « OOOMMMM » en tailleur. Le yoga c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup de chose. Malheureusement, une simple newsletter ne pas peut contenir les 26h de philo où nous tentions de nous approcher le plus possible d’une définition complète du yoga. Mais voici ce que je retiens en quelques mots.

Ne perd pas d’énergies dans ce que tu ne peux pas contrôler, c’est-à-dire presque tout sauf : toi-même. Crois en toi et crois en l’univers.

Le yoga, c’est « moi ».

LOVE & bye.

élo.

Écris-moi ! Quand souhaites-tu en savoir davantage sur ce voyage ? A quelle fréquence ? 

Attention, j’oubliais : le yoga c’est aussi la patience… ;)